J’aime beaucoup la nuit, j’apprécie ses mystères ainsi que son calme presque permanent. Il m’arrive de sortir très souvent, mais étant trop peu sociable
Je préfère sortir une fois le crépuscule.
C’est assez paradoxal c’est vrai, j’aurai pu avoir peur dans le noir et j’aurai pu également être proche de l’Homme mais c’est ainsi, je trouve un sentiment de chaleur et de vie dans l’obscurité alors que le simple contact avec quelqu’un m’emplit d’horreur, de stress ou encore de douleur…
C’est sans doute dû à un passé douloureux et presque cliché tant il revient souvent parmi mes semblables, quand bien même on parle que de passé…
Cette vie, je ne suis pas le seul à l’avoir connue, et malheureusement beaucoup là connaissent encore.
Aimer son bourreau, là encore je n’ai pas été le seul. Avoir une confiance aveugle en celui qui levait la main sur moi, trouver du réconfort en celui qui prenait plaisir à m’étrangler encore et encore jusqu’à ce que je m’endorme, à bout de vie, pour me réveiller un peu plus tard comme si j'étais condamné à vivre cet enfer pour toujours…
Je ne savais pas ce qu’était ce sentiment d’amour, je ne savais pas qu’il pouvait se partager, je pensais qu’il avait besoin de cette violence pour me prouver que lui aussi, il aurait donné sa vie pour moi.
D’ailleurs, sa vie, j’ai dû lui prendre moi-même lorsque j’ai pris conscience qu’il n’était rien. Pas une seule seconde il s’est douté que tout ce temps passé à me torturer allait me servir à un jour ou l’autre tant j’étais devenu endurci.
Je ne vais pas épiloguer d’avantage sur cette mauvaise période de ma vie, bien que ce soit ce qui a fait de moi ce que je suis aujourd’hui et c’est aussi ce pourquoi je le remercie chaque nuit.
C’est vrai, le jour je crains l’Homme, je crains sa cruauté ainsi que sa violence envers ce qu’il ne comprend pas.
C’est vrai, mes frères et mes sœurs souffrent encore de ce monstre sans cœur qu’est l’être humain.
Comme je l’ai dit plus tôt, j’aime beaucoup la nuit, et ce bien être, qui me gagne au rythme de mes pas dans l’ombre, me procure l’adrénaline nécessaire pour ce que je m’apprête à faire. Je l’ai choisi, ce soir ce sera lui.
Je sais parfaitement pourquoi je suis là. Je sais parfaitement ce que j’attends. La température ne m’atteint pas, malgré le froid, mon cœur brûle de plus en plus. Je sens mon sourire se dessiner sur mon visage sans que je puisse le contrôler.
Je l’avais senti et maintenant je peux le voir, malgré ce verre qui nous sépare, je peux le voir.
J’aime faire preuve de patience, j’aime contempler ma proie avant même qu’elle puisse entrevoir son destin et par-dessus tout j’aime voir l’horreur dans ses yeux au moment où elle comprend ce pourquoi je suis là.
Même si je le hais, je comprends l’humain, il m’a enseigné la douleur et le plaisir de blesser et surtout, il m’a appris la facilité de se servir de la violence pour résoudre le mal. Je ne venge pas ceux qui comme moi souffrent et ont souffert, je ne me venge pas, je ne cherche pas à résoudre le mal.
Ce que je veux, c’est la souffrance de l’être humain, c’est comme ça que je l’aime.
Ce soir je n'ai pas très envie de jouer avec ma nouvelle victime. Je ne chercherais pas à là tourmenter. Cela aurait pu être un plaisir immense pour moi, mais je m'abstiendrais.
Ce soir je vais juste le tuer. Je vais juste l’égorger. Je vais juste le faire souffrir un moment. Je vais juste le vider de son sang.
Je vais juste le mordre en riant.
